A une époque où l’endroit était encore viable, David McNeil est né dans le Bronx, d’un couple amoureux, bousculé, par deux guerres mondiales, trois exils et une révolution bolchévique. Voilà que David, en 1949, arrive avec eux en France à l’âge de trois ans, ne portant pas le nom de son géniteur, les divorces sont encore difficiles à l’époque et McNeil, l’époux de sa mère est jaloux. Puis, comme souvent, ce genre de famille se sépare assez vite, il va passer dix ans dans des pensionnats, entre l’Angleterre, Meaux puis Versailles. Vers seize ans il rejoint Virginia, sa maman à Bruxelles, qui vient d’épouser Charles Leirens, gantois et ami de Bartok, musicologue mais surtout photographe.
L’homme a rapporté de New-York une Paillard-Bolex 16mm qui fascine l’adolescent : Il va faire du cinéma. Il réalise alors de ces films qu’à l’époque on nommait « Underground », c’est-à-dire fauchés et assez mal fichus, mais dont quatre sont conservés à la Cinémathèque Royale de Belgique, et remporte en 67 le prix du « Meilleur Court Métrage » du British Film Institute, présidé par Karel Reisz et Richard Lester. Tout en apprenant le métier du film, assistant d’Henri Storck sur une longue série de documentaires groupés sous le titre de « Fêtes de Belgique », il commence à écrire des chansons, d’abord comme hobby, il vient de se marier, il a un enfant, pas question d’accepter l’offre de Lester d’être son assistant aux studios de Pinewood. Puis ce hobby devient malgré lui un moyen d’existence, alors que le métier de cinéaste en Belgique à cette époque est plus qu’aléatoire. « Pays trop petit pour gagner se vie », chantait Robert Charlebois, alors exil en France. Paris, 1972, un premier album chez Saravah, la boîte de Pierre Barouh.
Puis R.C.A., le cinéma s’éloigne, le hobby devient un métier. Il tourne pourtant encore en Belgique un dernier court métrage, que Claude Lelouch invite en première partie de « L’aventure c‘est l‘aventure », le voici, plein d’espoir créant une nouvelle maison de production « Timber Films ». Mais deux de ses associés indélicats mettent la société en faillite en réalisant dans son dos un film qui ne sortira jamais en salle. David, déçu, revient à Paris, et écrit des chansons pour d’autres, dont la célèbre « Mélissa » pour Julien Clerc, mais surtout tout un « Montand chante McNeil ».
Il produira aussi deux albums lui même, obtenant deux « Prix de l’Académie Charles Cros », écrira une dizaine de livres pour enfants chez Harlin Quist, « Crapule » et Seuil-Jeunesse. Dans le même temps il sortira neuf livres dans la fameuse « Collection Blanche » de Gallimard. En 2011 David Mc Neil a reçu la Grande médaille de la chanson de l’académie française pour l’ensemble de ses chansons, ce qui le pousse à réenregistrer un nouveau C.D. en 2013, mais maintenant il ne pense plus qu’à revenir au CINEMA. En septembre 2015, il reçoit le prix du Singe Antoine Blondin.